Tuesday, March 01, 2005

La pauvreté, c’est aussi un enjeu collectif

Excuse me for one second here..... I don't wish to turn my Englisg readers off from this site but I am an Acadian and you can tell by the way I write these updates! Anyway this is a column that was sent to me by Jean-Marie Nadeau. He wrote a story about the poor so I decided to paste it in here...I am working on today's update right now...






Dans la publicité de sensibilisation sur la Maison Nazareth que l’on voit à Radio-Canada ces derniers jours, la sénatrice Viola Léger rappelle que personne n’est à l’abri de la pauvreté, pas plus que du sida ou du cancer. Cet énoncé est plus que juste par les temps qui courent. La pauvreté génère de nouveaux visages, tout en continuant de transporter avec elle les anciens. Éliminer la pauvreté n’est pas qu’affaire de pauvres, ça devient un enjeu de société.

Certains m’ont reproché de trop souvent parler de la pauvreté. J’en parlerai aussi souvent qu’il le faudra, tant qu’il y en aura. Le problème n’est pas que j’en parle trop souvent, le problème est que les situations de pauvreté se perpétuent et se diversifient. Certains de nos dirigeants politiques et économiques ne veulent pas que l’on parle de la pauvreté au Nouveau-Brunswick, car, semble - t’il, cela ternit l’image du Nouveau-Brunswick , ce qui ne serait pas bon pour les affaires. La pauvreté est en soi une honte pour les société riches dans lesquelles nous vivons, mais vouloir nier qu’elle existe est une attitude toute aussi scandaleuse. La négation de la pauvreté n’enrichit pas par miracle les pauvres.

Il y a une soixantaine d’années, près de 90% des Acadiens étaient pauvres. Il va de soi que l’on a fait énormément de chemin depuis ce temps-là. Grâce à la scolarisation plus accessible, plusieurs se sont enrichis. Par ailleurs, la syndicalisation des employés de la fonction publique et de l’industrie forestière dans les années 60, l’organisation d’associations de pêcheurs dans les années 70, et la multiplication de nouvelles petites entreprises acadiennes dans les années 80 en ont sorti plus d’un de la misère. Mais malheureusement, la carte de la pauvreté au Nouveau-Brunswick reste principalement calquée sur les régions acadiennes. Sur les 27,000 enfants pauvres actuellement au Nouveau-Brunswick, on peut estimer à environ 15,000, le nombre d’enfants acadiens.

Les réformes à l’assurance-chômage de Bernard Valcourt et de Doug Young dans les années 90 ont fait excessivement mal aux régions acadiennes. Comme Claude Bourque le disait dans ce temps-là , elles ont constitué, en quelque sorte, une autre forme de déportation, économique celle-là, forçant l’exode de plusieurs jeunes et moins jeunes! Ces réformes ont entraîné une perte annuelle de 400$ millions de dollars pour le Nouveau-Brunswick, dont 70$ millions strictement pour la Péninsule acadienne. Ce n’est pas seulement le chômeur lui-même qui a été lésé, ce sont aussi les petits commerces locaux. Il est en effet reconnu que les bénéficiaires de toute aide gouvernementale dépensent avant tout localement. Donc, la contribution de 300$ millions de dollars du dernier budget fédéral pour l’assurance-chômage dans l’ensemble du Canada est une proposition ridicule, inappropriée et navrante.

Les coupures à l’assurance-chômage ont aussi entraîné le transfert de milliers de gens sur l’aide au revenu provincial. Il est de notoriété publique que le Nouveau-Brunswick est la province canadienne la moins généreuse envers les bénéficiaires d’aide au revenu, nonobstant le fait que les familles puissent retenir les transferts fédéraux. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que la banque alimentaire de Lamèque a connu une augmentation de 20% des gens qui la fréquentent.

Par la suite, le gouvernement se vante malgré tout d’avoir réduit de 33% la liste des prestataires d’aide sociale dans la Péninsule acadienne. Mais il ne nous dit pas combien de ces personnes travaillent temporairement au salaire minimum de 6.30$ de l’heure (20% des gens qui fréquentent les banques alimentaires sont des travailleurs à faible revenu). Il ne nous dit pas non plus combien de ces personnes ont du s’exiler ( la province du Nouveau-Brunswick, avec Terre-Neuve, sont les seules à avoir perdu du monde lors du dernier recensement – moins de monde, ça veut dire également moins de revenu de péréquation du fédéral); ni combien de ces personnes ont été forcées, à 60 ans, de faire appel au fonds de pension du Canada, car celui-ci est plus généreux que l’aide sociale provinciale. J’ai hâte de voir un jour l’établissement d’une agence de statistiques totalement indépendante des gouvernements pour nous donner objectivement les véritables statistiques, non manipulées.

Mais, il n’y a pas que dans les industries primaires que l’on retrouve les nouveaux pauvres. Plusieurs causes génèrent la pauvreté. Que ce soient l’épuisement professionnel, les échecs amoureux, le jeu compulsif, les licenciements massifs, les dépendances aux drogues et à l’alcool. Ainsi de plus en plus d’anciens professionnels, travailleurs sociaux, enseignants, journalistes… se retrouvent pauvres presque du jour au lendemain. Personne ne choisit cette situation!

Heureusement, de plus en plus de démunis se prennent en mains et défendent leurs causes. Ils réussissent ainsi à dépasser la peur de perdre leur chèque. Cette prise en charge doit être encouragée. Il serait même souhaitable que les gouvernements financent , comme au Québec, des associations de défense des droits sociaux. Mais, à court terme, tous les yeux sont rivés sur le gouvernement provincial qui devrait annoncer, dans son budget du 29 mars, des augmentations aux prestations de base d’aide au revenu. Il n’y a pas eu d’augmentation depuis 1997. Qui d’entre-nous, syndiqués ou pas, auraient accepté de travailler sans augmentation de salaire depuis 1997? Personne… les pauvres non plus. Souhaitons seulement que ces augmentation soient majorées substantiellement.

Mais il est aussi important que les attitudes changent face à la pauvreté. La plupart des acadiens riches d’aujourd’hui proviennent de milieux défavorisés. J’en connais plusieurs qui font tout pour oublier d’où ils proviennent, à un point tel qu’ils en arrivent aujourd’hui à mépriser les pauvres. C’est comme s’ils croyaient que , parce qu’eux ont réussi matériellement, tout le monde pourrait le faire. Mais, ça ne marche pas comme cela dans la vraie vie. De telles attitudes n’amènent à rien.

La ville de St-Jean vient de mettre en marche un projet d’intervention communautaire appelé Communauté vibrante afin de faire face collectivement au fléau de la pauvreté. La communauté d’affaires, les groupes religieux et communautaires ont décidé de travailler ensemble sur le dossier. Il faudrait peut-être penser à faire quelque chose de semblable dans les communautés acadiennes.


Jean-Marie Nadeau
jmacadie@sympatico.ca


No comments: